GRENOBLE, Isère (Reuters) - Un autocar transportant des pèlerins
polonais s'est écrasé dimanche dans un ravin avant de prendre feu au
sud de Grenoble : l'accident, survenu sur la descente de Laffrey, réputée pour sa dangerosité, a fait au moins 26 morts et 24 blessés, dont quatorze dans un état critique.
L'autocar transportait cinquante personnes.Venu en urgence de Varsovie, le président polonais, Lech Kaczynski, s'est rendu dimanche soir au chevet des blessés et s'est recueilli sur les dépouilles des victimes au CHU de Grenoble en compagnie de Nicolas Sarkozy.
Le président français a déclaré que cette "catastrophe épouvantable" ne resterait pas "sans conséquences".
Selon le Premier ministre François Fillon, qui s'était rendu sur les lieux de
l'accident en début d'après-midi, l'autocar était en infraction, n'étant pas autorisé à circuler sur cette route dangereuse.
Le drame s'est produit entre les communes de Vizille et Notre-Dame-de-Mesage, sur la nationale 85, la "Route Napoléon" reliant Grenoble à Gap.
La descente de Laffrey, une pente abrupte, avait déjà été le théâtre d'un accident d'autocar meurtrier il y a 34 ans, pratiquement au même endroit.
Quarante-trois touristes belges avaient été tués le 18 juillet 1973.D'autres accidents mortels s'étaient produits depuis lors.
Les pèlerins, originaires de la région de Szczecin, ville portuaire du
nord-ouest de la Pologne, revenaient du sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Salette, situé au-dessus du village de Corps, aux confins du département de l'Isère. Leur retour en Pologne, au terme d'un pèlerinage européen, était prévu mardi.
La plupart des pèlerins à bord sont nés entre 1930 et 1950 et quelques jeunes gens étaient du voyage, selon les autorités consulaires polonaises.
PROBLÈME DE FREINAGE?
La majorité des victimes ont péri carbonisées et leur identification s'annonce délicate. Des spécialistes parisiens de l'identification criminelle étaient attendus pour rechercher l'ADN des personnes décédées.
"Nos services sont en liaison avec l'ambassadeur de Pologne pour voir comment permettre aux familles de venir récupérer les corps dans les meilleures conditions", a dit François Fillon, qui a exprimé sa "tristesse" et sa "douleur".
"Cet endroit est dangereux, tellement dangereux qu'il est interdit aux cars qui n'ont pas l'autorisation de l'emprunter, ce qui semble être le cas de
celui-ci", a-t-il dit aux journalistes.
"Il y a des endroits où on ne peut pas faire des choses impossibles. Le mieux, c'est sans doute de faire en sorte que ce type de transport n'emprunte pas un axe aussi difficile que celui-là", a-t-il ajouté, aux côtés de Jean-Louis Borloo.
"Je vais faire recenser les points noirs de cette nature dès demain matin,
demander en attendant sur ces points noirs qu'il y ait des gendarmes ou
des policiers de veille", a dit le ministre de l'Ecologie.Michèle Alliot-Marie s'était elle aussi rendue sur les lieux dans l'après-midi.
"C'est toujours les mêmes accidents et les mêmes causes, et malgré tout, on n'arrive pas à sécuriser cette descente", a déploré sur France Info le
maire de Laffrey, Jean-Jacques Defaite. La descente "est de plus en plus dangereuse".
Selon les premiers éléments de l'enquête, un vitesse trop élevée et un dysfonctionnement dans le système de freinage pourraient être à l'origine de l'accident.
Selon l'agence de presse polonaise PAP, le propriétaire de la société de transports qui a loué l'autocar a assuré que le véhicule, en service depuis sept ans, avait subi récemment un contrôle technique satisfaisant en Allemagne.
"Avant le pèlerinage, le car était allé en Espagne et tout était en ordre. Les
deux chauffeurs étaient des professionnels aguerris. L'un d'eux rentrait de deux semaines de vacances, donc on ne peut pas mettre en
cause la fatigue", a déclaré Robert Caban.
L'Etat polonais a décidé d'allouer une aide financière aux familles des victimes.
Source:http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20070722/tts-france-route-accident-ca02f96.html