La tête dans les nuages ...
Avec deux albums et une prestation scénique inoubliable, Les Tit' Nassels, dont la notoriété en Pays Roannais et en Forez grandit chaque jour est un duo atypique et prometteur.
A (re)découvrir rapidement.
« A l'heure où les bistrots ferment leurs portes aux chanteurs, à l'heure où dans la rue passe la dernière voiture toutes vitres ouvertes au chaos fracassant, entendre une chanson des Tit' Nassels c'est comme pousser la porte d'une boutique hors du temps. La voix d'Axl, la voix de Sophie, c'est la rue qui la porte, c'est la rue qui la mène, ici et là, d'une salle perdue à la scène d'un théâtre ou d'une maison des jeunes, partout où quelques chaises entourent un maigre projecteur. C'est pas du connu pourtant c'est pas à la manière de, ça sort d'une guitare branchée sur la vie, d'un piano joué debout, ça sort trop tôt ou trop tard pour ceux qui aiment le bruit, mais ça vous prend, ça vous emporte sur quelques notes, quelques accords plaqués, quelques rythmes qui sont le battement même de vos rêves, de vos corps, de ce lieu aux allures de brocante où nos peines et nos rires défient le temps, cet étrange passant aux semelles de vent » nous raconte Patrick Dreux, auteur du récit Elle m'attend dont fut inspiré la chanson du même titre (album Bric à Brac). Ces quelques mots, aux antipodes de la façon dont se décrivent eux-mêmes les Tit' Nassels, (« Une fille avec de belles robes et qui ne sait dire que "pareil" mais qui chante magnifiquement bien [et] un garçon à la bouche tordue qui n'articule pas quand il parle mais qui chante pas mal aussi ! ») nous fait entrer de plein pied dans l'univers du duo.
Aurélien Mathot (alias Axl) et Sophie Signoret (Perrin jusqu'à il y a peu), originaires tous deux de Roanne se rencontrent au lycée vers l'âge de 15 ans. A cette époque, Sophie faisait partie de la troupe musicale des « concerts roannais » tandis qu'Axl était membre de Skull, qui deviendra The Blowback's. En 1995, un 45 tours naît de cette expérience. Quelques courtes années passent et nos deux roannais se retrouvent tous deux à essuyer les bancs de l'université à Saint-Étienne. Axl étudie les Lettres et Sophie l'Espagnol. Le fait de posséder son appartement facilite les soirées festives et "houblonnesques" (dixit Axl). Ainsi, nos deux acolytes se retrouvent régulièrement chez Axl et passent en revue le répertoire des Beatles et de Mano Solo, avant de se découvrir une passion commune pour les textes de Brel et Barbara.
En septembre 1997, leur découverte du Théâtre de Poche de Saint-Étienne, qui propose des scènes ouvertes tous les jeudis soirs, marque la naissance du groupe. Pendant toute une année ils ne rateront aucune de ces scènes pour y reprendre un répertoire varié, de Mano Solo aux Beatles en passant par Kent et Simon & Garfunkel. Puis, poussés par le directeur du Théâtre de Poche ainsi que par l'envie et le besoin, ils commencent tous deux à écrire leurs propres textes et musiques. En mars 1998, un mois avant la sortie de Pantin (Cassette de 7 titres), les Tit' Nassels sont les lauréats du concours Quand la chanson est bonne de Chassieu (69). Et deux mois plus tard, ils se verront récompensés tout d'abord par le public puis par la direction, et deviennent ainsi une des « découvertes de la chanson » du Théâtre de Poche.
Durant toute une année, le duo enchaînera les premières parties (Diane Tell, Dikès, Mej Trio) et les récompenses (Lauréats du concours chanson française à Pont-Évêque (38)) avant de sortir A l'ombre des regards, un premier CD 8 titres (mai 1999). Leur premier spectacle du même nom voit alors le jour au Théâtre de Poche.
En juin 1999 et novembre 1999, ils se voient à nouveau récompenser du prix encouragement du concours Polymnies à Limoges (87) et du prix conseil régional lors du concours Accords à Montpellier (34).
Le premier album Et hep ! (13 titres) voir le jour en février 2000. Reprenant des titres de Pantin et de A l'ombre de regards, on ressent entre autres les influences de Brel et Renaud dans ce premier opus prometteur et notamment sur Pierrot, un titre qui n'est pas sans rappeler un certain Jef ou autre Manu : « On ira voir dans toutes les gares / Si y'a un train pour nous deux / On ira voir si les filles de paris / Sont si jolies qu'on nous le dit... ». Mais influence ne rimant pas toujours avec copie conforme, les Tit' Nassels possèdent leur propre style. Les thèmes abordés sont aussi diversifiés que les instruments utilisés pour les musiques. Du pamphlet humoristique qu'est Première seconde classe à la chanson "triste" Les cendres de Cassandre en passant par ce qu'on appelle vulgairement la chanson "engagée". « Un homme est mort, ce matin / Et sur son corps les matraques en dessin / Pour « quelle mesure » pourrait-on meurtrir ? / Dans quelles mesures peut-on mourir ? / Eh ! Devaquet ! On n'a pas oublié / T'auras beau courir, t'auras beau te planquer » nous chante le duo sur Un homme est mort ce matin (en hommage à Malik Oussékine, matraqué à mort par un CRS lors des manifestations étudiantes de 1986 contre la loi Devaquet visant à privatiser les universités). Provocation en avant, les Tit' Nassels nous « offrent » même, au milieu du titre, un discours de Charles Pasqua au soir des manifestations. Ainsi vaut-il mieux écouter la chanson le ventre vide avant de passer à l'écoute de Roger, l'histoire touchante d'un pilier de bar oublié par la vie, à moins que ce ne soit l'inverse ? « Au bar des amis, Roger s'est posé / Et ce vendredi comme pour oublier / Ses mains asservies et sa vie ratée / C'est bientôt fini... mais ça il s'en fout Roger... » nous chantent Axl et Sophie.
Après ce premier opus autoproduit et autodistribué (sur Roanne, Saint-Étienne et Lyon), les Tit' Nassels continuent leur petit bout de chemin, entre les premières parties (Marie Paule Belle, Lulu Borgia, France Léa et Babylon Circus), et les concours de chansons françaises (Lauréats du concours Musique on line, sur Internet, Finaliste du concours Cadets d'argent à Casteljaloux (47)), le duo continue les concerts et festivals (comme en août 2001 aux Estivales de la Bénisson Dieu avec les Ogres de Barback). Et l'on ressent le chemin parcouru pendant plus de deux ans lorsque l'on écoute Bric à Brac, le second opus des Roannais. Ils continuent certes de chanter la rue et les bistrots, comme sur Le cœur en chrysanthème qui ouvre l'album, « Va donc gueuler dans tous ces bistrots, ces quelques mots ! / Tu verras que le monde est beau, que le monde est beau / Même s'il est rempli de badauds sans opinion / Même s'ils s'en font sur ton dos, tous ces patrons ! » avant de s'attaquer au tout-fric sur Les tit' balades, au « Métro – Boulot – Dodo »,- sur décor parisien - avec Carte orange. Enfin, l'album se termine avec une insolente ironie puisque le duo s'attaque à la famille des Artistes avec un grand A, « Dans cette famille faut s'faire la bise, dans cette famille t'oublies la crise / Mais tu chantes les pavés, sans pour autant les balancer... » nous racontent Les Tit' Nassels sur Les pavés.
En mars 2004, sort le premier album des Tit' Nassels (enfin) distribué nationalement. Pareil ! reprend 14 titres des deux précédents opus et une chanson inédite : L'arrière Cour. L'album mêle efficacement chansons tendres, amusantes et pamphlets festifs, a mi-chemin entre la chanson francophone réaliste (Kent, Barbara) et la scène-chanson-un-peu-rock-française (Thomas Fersen, les Têtes Raides). Une sorte de « Best-of » mais en mieux puisque les titres ont été réenregistrés. Avec ces 15 titres, Les Tit' Nassels confirment tout le bien qu'on pensait d'eux.
Mais c'est réellement sur scène que Les Tit' Nassels séduisent. Hormis les titres présents sur les deux albums et les reprises de quelques titres allant [des] enfants rouges de Mano Solo à Sans la nommer de Georges Moustaki, sans oublier le titre phare Rue de Panam' des Ogres de Barback, la mise en musique du poème Les escargots qui s'en vont à l'enterrement d'une feuille morte de Monsieur Jacques Prévert ne peut laisser de glace. De plus, ils utilisent réellement tout l'espace, leur prestation est (quasi) théâtrale et lorsque la chance est avec le public, Axl casse une corde et pendant qu'il la change, Sophie nous offre (a cappella s'il vous plaît), Dis quand reviendras-tu de la grande Barbara. Enfin, c'est réellement avec leur titre théâtral Les pétasses que le duo laisse une inoubliable prestation scénique.
Comme ils le disent eux-même, « Viendez les écouter !!!!!! », vous ne serez pas déçus !