Ingrid Betancourt va mal.

Ingrid Betancourt est « physiquement et moralement épuisée ».
C'est ce qu'affirme l'un des quatre otages de la guérilla colombienne
relâchés mercredi. L'ancien sénateur Luis Eladio Pérez, remis avec ses
compagnons à une délégation vénézuélienne par les Forces armées
révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), a croisé la captive une
dernière fois, le 4 février.

Elle souffrirait d'une hépatite
récurrente. Comme tous les otages, elle n'a accès, dans la moiteur de
la jungle, qu'aux soins d'infirmiers guérilleros et à de trop rares
médicaments. Par le passé, trop faible pour les longues marches d'un
camp à l'autre, elle avait dû être transportée dans un hamac. « Sans le vouloir, les guérilleros lui donnaient des coups contre les arbres »,
raconte, dans sa biographie, le policier John Frank Pinchao, évadé l'an
dernier. Aujourd'hui, elle irait un peu mieux : Pérez a constaté, le 4
février, qu'elle recevait du calcium et des vitamines, et n'était plus
enchaînée en journée. Après avoir donné au sénateur une ceinture
tressée pour sa fille, elle lui a demandé « de ne pas s'inquiéter pour sa santé ».

Mais elle souffrirait de brimades constantes. « La guérilla s'acharne contre elle »,
dénonce l'ancien sénateur. Les ravisseurs la font attendre, la nuit, si
elle doit se lever pour faire ses besoins, restreignent tous ses
mouvements... Ils semblent faire payer à la politicienne « bourgeoise »
sa résistance désespérée. Aujourd'hui découragée, écrit-elle dans sa
lettre à sa mère, en novembre, elle souffre d'être seule femme « au milieu de prisonniers captifs depuis huit ou dix ans ».

Le président vénézuélien Hugo Chavez, à qui les Farc ont remis six otages
depuis janvier, a demandé, par le biais de la télévision, à la guérilla
d'améliorer les conditions de détention de l'ex-sénatrice, dont il
espère la libération proche. Mais les Farc ont fait savoir au
gouvernement colombien, que, s'il désirait désormais la libération
d'autres otages, il faudrait accepter « la démilitarisation » de deux localités dans le sud-ouest du pays.

À cause de son aura internationale, la Franco-Colombienne - carte majeure
du troc de prisonniers voulu par les ravisseurs - pourrait n'être
relâchée qu'en dernier. Cette idée, explique Luis Eladio Pérez, « l'a profondément abattue ».




Source: Ouest France