vendredi 2 février 2007, 1h01
Un problème sexuel peut cacher une maladie grave ou chronique
LONDRES (AP) - Les médecins ne devraient pas négliger d'interroger leurs patients sur leur vie sexuelle: des problèmes au lit peuvent parfois révéler des maladies cardiaques, une dépression, un diabète ou d'autres pathologies, selon une étude publiée vendredi dans la revue médicale "The Lancet".
"Le sexe fait légitimement partie de la médecine mais il a largement été tenu séparé du reste de la médecine", regrette le Dr Rosemary Basson, co-auteure de l'étude, qui travaille au centre pour la sexologie de Colombie-Britannique à Vancouver, au Canada.
Avec le Dr Willibrord Weijmar Schultz de la faculté de médecine de Groningue, aux Pays-Bas, elle a examiné des données médicales, traquant les problèmes sexuels combinés à d'autres affections comme les troubles cardiaques, le diabète, la dépression, la sclérose en plaques et la maladie de Parkinson. C'est ainsi que nombre de problèmes sexuels ont été identifiés comme de possibles signaux d'avertissement de pathologies latentes ou imminentes.
Par exemple, les hommes qui souffrent de troubles de l'érection, problème sexuel le plus courant à partir d'un certain âge, présentent aussi souvent un risque élevé de maladie cardiaque. Une étude réalisée chez 132 hommes qui avaient subi une opération du coeur a ainsi montré que près de la moitié avait eu des problèmes d'érection. Ce diagnostic avait précédé l'intervention cardiaque chez près de 60% d'entre eux.
Chez les femmes, les indices sont plus difficiles à repérer. "Les femmes ne présentent pas de signes physiques de problèmes sexuels aussi évidents que ceux des hommes", note le Dr Basson. Mais le manque de désir sexuel révèle une dépression sous-jacente dans près de 26% des cas. Pris en compte avec d'autres symptômes, des troubles sexuels chez les femmes peuvent cacher des problèmes hormonaux, des défaillances rénales, un diabète ou d'autres maladies chroniques.
De plus en plus, les médecins sont incités à prendre l'initiative de poser des questions sur la vie sexuelle de leur patients, en les interrogeant sur leurs partenaires, la fréquence des rapports et d'éventuelles conduites à risque.
"Les gens ne vont pas fournir ce genre d'informations à moins qu'on ne les leur demande précisément", explique le Dr Jonathan Zenilman, chef du service des maladies infectieuses du centre médical Johns Hopkins Bayview, dans le Maryland, aux Etats-Unis, qui n'a pas participé à l'étude.
Or ce que les patients n'imaginent pas, c'est que le problème sexuel est souvent le signe de quelque chose d'encore plus grave. "La première manifestation de diabètes précoces pourrait être un trouble de l'érection", explique le Dr Zenilman. "Ce n'est peut-être pas ce que les hommes veulent entendre, mais si c'est pris suffisamment tôt, on peut encore faire quelque chose."
En utilisant les problèmes sexuels comme un indicateur précoce d'autres pathologies, les médecins peuvent gagner un temps précieux dans le traitement. Dans le cas de la dépression nerveuse, les patients restent parfois des années avant qu'elle ne soit diagnostiquée et traitée. Si les médecins faisaient le lien entre l'absence de désir sexuel et des problèmes psychiatriques comme la dépression ou le syndrome post-traumatique, les patients pourraient être soignés plus tôt.
Et si le sexe peut servir de signal d'alarme, il peut aussi servir de moteur, en incitant à mener une vie plus saine. "Les gens seront plus enclins à modifier leurs habitudes pour améliorer leur santé s'ils pensent que cela va aussi améliorer leur vie sexuelle", constate le Dr. Andrew McCullough, un sexologue de la faculté de médecine de New York. AP